Visitez notre site en anglais pour plus d'informations

10 janvier 2011

Le Bulletin de AFEM sur la Marche Mondiale des femmes en 2010


Editorial



La Paix avec les femmes : un grand défi


La marche mondiale des femmes est venue à Bukavu pour arrêter cette situation où le corps des femmes est devenu un territoire de guerre. » déclarait Miriam Nobre coordonnatrice du sécréterait général de la marche mondiale à l’ouverture de ces assises.  Un message qui touche cette particularité spectaculaire de la guerre au Congo : les violences sexuelles.
5 491, c’est le taux des femmes victimes des violences sexuelles  prises en charge au premier semestre de l’année 2010 au Sud Kivu ! ( source :rapport OCHA, Octobre 2010).                                                                                                                                                                                     Il ne s’agit pourtant que d’un semestre, le premier semestre de l’année pour la seule province du Sud Kivu. On ne parle donc pas du Nord Kivu, ni le Maniema moins encore de l’Ituri. Un chiffre qui témoigne une réalité connue de tous mais sous-estimés par une catégorie des congolais en tenue luxueuse qui donne des rapports et analyses faisant état d’une ‘’évolution positive de la situation sécuritaire’’ ou encore ‘’ d’une situation relativement calme ‘’  parce que plus de 5 000 femmes ont été violées dans un semestre ,  ou encore situation relativement calme parce que jusqu’à fin Octobre 738 375 citoyens, au Sud Kivu ont fuis leurs villages à la suite des combats qui se poursuivent dans leurs entités. 
Violées , déplacées,  tuées ; elles sont toujours les principales victimes et jamais principales décideuses.                                                                                                                                                     Elles ? Ce sont ces femmes dans ces villages oubliés pourtant à quelques kilomètres de la ville, où les gens font semblant de bien vivre. Les violences aux femmes ne sont pas d’actualité, on en parle depuis le début de la guerre. Toutes les guerres ne se ressemblent pas mais ont tout de même un point commun : des morts, des pillages, des viols etc. A l’Est du Congo, le cachet spécial est ‘’ Violence sexuelle’’.
Il ne s’agit pas des vraies violences sexuelles, le terme plus clair serait : la destruction de la femme, car les auteurs ne le font pas par recherche d’un plaisir sexuel mais plutôt pour punir toute une communauté. Le corps de la femme est donc dorénavant utilisé comme champ de bataille, ou comme pièce éprouvette à travers la quelle des belligérants montrent de quoi ils sont capables ! C’est une véritable arme de guerre dont se sert l’adversaire pour riposter à son ennemi.
La marche mondiale accueillie s’est veut une vraie campagne de lutte contre ce crime contre l’humanité. Mais au delà de cette action globale, des efforts restent consentir pour condamner cette pratique.
Le message de Mme Michelle Bachelet, Sous-secrétaire  général à l’ONU Femmes, lu  à l’ouverture de la marche mondiale en dit quelque chose. Elle relève qu’au niveau politique, la résolution 1325 adopté en 2000 par le Conseil de Sécurité et les résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité qui l’ont suivie, « évoquent une compréhension renouvelée des relations entre les femmes, la paix et la sécurité. Elles appellent également à la transformation de nos actions tournées vers la participation et l’engagement des femmes dans le processus de paix, les opérations de désarmement, de réforme du secteur de la sécurité, de la planification post-conflit, et de la justice transitionnelle.»
Un engagement qui doit passer de l’échelon international à un programme national d’un état déterminé pour la remise en valeur de sa plus prestigieuse richesse : la femme. Mais au-delà de cette campagne, la principale sensibilisation serait de montrer  que la promotion de la condition de la femme à l’Est du pays, est une affaire doit être tous et un défi capital pour l’Etat et le monde….et donc la lutte continue

Chouchou Namegabe
 


Lathénée d’Ibanda, illuminée de mille feux, abrite la cérémonie d’ouverture, le mercredi 13 octobre. Une cérémonie qui se déroule devant plusieurs milliers de personnes qui suivent l’événement sur place ou en direct à la télévision nationale Congolaise



Il est 17h30 lorsque la première dame de la RDC, Olive LEMBE KABILA fait son entrée dans le hall de l’athénée d’Ibanda, pour lancer officiellement les activités de clôture de la troisième Action Internationale de la Marche Mondiale des Femmes commencée le 8 mars 2010.
Environ 250 représentants de 48 pays et près de 1500 délégués des autres provinces de la République Démocratique du Congo assistent à la cérémonie.
Mme MIRIAM Nobre, coordonnatrice du Secrétariat International de la Marche Mondiale des Femmes, prend la parole et circonscrit cet événement de portée mondiale. La Marche Mondiale des Femmes (MMF) est un mouvement mondial d’actions féministes visant à lutter contre les inégalités et les discriminations basées sur le genre, particulièrement celles vécues par les femmes. Son objectif est de créer un monde qui repose sur l’égalité, la liberté, la solidarité, la justice et la paix. La première Action a eu lieu en l’an 2000, suivi d’une autre en 2005. Depuis son début le 8 mars 2010, la troisième Action a tenu « des débats et des actions régionales aux Philippines pour l’Asie, en Turquie pour l’Europe, et en Colombie pour les Amériques» a-t-elle fait savoir.
A travers ces assises les femmes  pourront  réfléchir sur le bien commun et les services publics, la violence envers les femmes, le travail des femmes et l’autonomie économique des femmes, et plus globalement sur la paix et la démilitarisation, ajoutait-elle
La coordonnatrice du Secrétariat International de MMF a révélé que le choix de Bukavu pour abriter les cérémonies de clôture de cette troisième Action a été motivé par la détermination à arrêter en République Démocratique du Congo
« cette situation où le corps des femmes est devenu un territoire de guerre. »

Un choix de lieu salué par la ministre du Genre, Marie-Ange LUKIANA, pour qui
« la promotion de la condition de la femme en RDC, et particulièrement à l’est du pays, est une affaire de tous et un défi capital pour le monde.» Plus qu’un discours, Mme LUKIANA a martelé sur la nécessité des actions concrètes dans « la lutte contre les violences faites aux femmes et l’éradication de la féminisation de la pauvreté. »

Le message de Mme Michelle Bachelet, Sous-secrétaire Générale des Nations Unies de l’ONU Femmes, lu pour la circonstance, a relevé qu’au niveau politique, la résolution 1325 adopté en 2000 par le Conseil de Sécurité et les résolutions sur les femmes, la paix et la sécurité qui l’ont suivie,
« évoquent une compréhension renouvelée des relations entre les femmes, la paix et la sécurité. Elles appellent également à la transformation de nos actions tournées vers la participation et l’engagement des femmes dans le processus de paix, les opérations de désarmement, de réforme du secteur de la sécurité, de la planification post-conflit, et de la justice transitionnelle.» 
Et à la Sous-secrétaire Générale de noter que « le soutien renouvelé de la communauté internationale pour l’autonomisation économique des femmes, leur participation au processus de décision et la protection de leurs droits,
est aujourd’hui déterminant dans la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le Développement, en particulier en République Démocratique du Congo… »

Les quatre axes de travail de la Marche Mondiale : paix et démilitarisation, travail des femmes, violences envers les femmes, biens communs et services publics, cadrent bien avec les préoccupations des populations congolaises, soutenait Marcellin Cishambo, gouverneur  du Sud Kivu, province hôte.                                                                  Son regard s’est porté au-delà des ressources énergétiques, minières, agricoles et touristiques dont regorge le Sud-Kivu, pour voir dans les femmes
« un grand potentiel prêt à voir le Congo se redresser ».

Cishambo soutient que, la femme ‘’sudkivutienne’’ est aussi un bijou, une reine dans son foyer et une princesse.

La première dame, Mme Olive Lembe Kabila, qui a ouvert les activités, s’est dit touchée par
«la présence des délégués venant de 48 pays, qui traduit la détermination et la volonté des hommes et des femmes épris de paix et de justice de dénoncer les attaques menées à l'encontre des populations civiles, particulièrement des
femmes et des enfants, et d'exprimer par la même occasion leur désaveu contre toutes les formes des violences faites à la femme.»                                                               


Mme Olive Lembe Kabila a par ailleurs sollicité l'implication de tous pour la réalisation des quatre piliers de la Marche Mondiale des Femmes et a invité «tous les décideurs à se joindre à la voix de la femme du monde pour que finalement des mesures concrètes soient prises et que des mécanismes appropriés soient mis en place afin de voir les résolutions 1325, 1820, 1888 et 1889 [du Conseil de Sécurité des Nations Unies] rentrent en application.»
La ville de Bukavu aura vécu une situation exceptionnelle de son histoire, avec environ trois milles participants à cette cérémonie haute en couleurs.

Alex BAHATI



Ambiance marche Mondiale
 
Près d’un millier des femmes se sont donnés rendez vous à Bukavu pour les travaux de la troisième action globale, marche mondiale des femmes. Ces assises ont permis à cette ville de l’Est de mettre sa belle robe et de créer une effervescence au sein de la population.


Les pagnes avec logos de la marche mondiale font encore objet de fierté pour des femmes et des hommes qui le mettent, quelques semaines pourtant, après la marche mondiale. Un des témoignages encore visibles de l’effervescence vécue à Bukavu.  Ils se  sont vendus aussi bien dans des marchés que dans des magasins. Plusieurs boutiques et magasins portent encore des affiches avec mention ‘ici en vente les pagnes de la marche mondiale’. Ce sont plus les femmes fonctionnaires qui ont eu la possibilité de s’en procurer mais quelques hommes en achètent pour leurs femmes et filles.
Des calicots et pancartes restent  encore visibles à ces jours. Des centaines des calicots ont été vues sur toutes les artères de la ville  une semaine avant le début de la marche mondiale et durant toute la période du 13 au 17 Octobre,  ‘grands jours’ de cette action globale.
Des organisations locales impliquées dans la lutte contre les violences sexuelles ont aussi multipliées des réunions pour établir un cahier de charge commun afin d’avoir un résultat positif après la marche. « On s’attend à un grand changement dans la lutte contre les violences sexuelles parce que à cette occasion il ya aura une série des recommandations qui seront prises mais aussi un manifeste sanctionnant cette mauvaise pratique sera élaboré à la fin et donc c’est une occasion exceptionnelle à ne pas rater »  déclarait Prudence Shamavu, défenseure des droits de l’homme bien connue dans la ville et membre du comité organisateur de la marche mondiale des femmes.   
 
Des chauffeurs des taxis et autres véhicules de transport ont anticipés l’entretien des véhicules pour ne pas décevoir des clients.  « D’habitude je reçois quatre à cinq véhicules par jour mais depuis le weekend dernier je reçois une dizaine. La plus part des clients disent mettre leurs véhicules en bon état pour solliciter une location avec certaines participantes à la marche mondiale » explique  Patou, un réparateur de pneus des voitures communément appelé ‘Quado’ dans le langage local.   


Une ville en effervescence
L’avenue Patrice Emery Lumumba, artère principale de Bukavu est encore pleine des banderoles, affiches et pancartes qui témoignent
l’effervescence qu’il ya eu à Bukavu.                   
Ce sont des organisations locales qui œuvrent pour la promotion des droits de la femme et d’autres qui défendent les droits de l’homme qui ont produites ces banderoles.
Chacune voulait se faire découvrir, certaines affichaient même leurs domaines d’intervention à coté du message.
L’autre image, ce sont les routes qui ont été réhabilitées.


De la Place de la paix, dans le centre ville, jusqu’à l’hôpital  de Panzi où sont pris en charge les femmes violées les machines de la société congolaise d’entretien routier ‘Office des Routes’ étaient actives  une semaine avant la marche pour la réhabilitation de ce tronçon long de près de 10 km.                                                                                                                                                              Certaines parties de la route principale ont été retouchées jusqu’au niveau de l’athénée d’Ibanda, une école publique où se déroulaient les ateliers et conférence débat de cette activité mondiale.  Une chance pour ces routes qui restaient oubliées depuis des années, et pourtant c’est  l’état congolais qui a financé ces travaux de réhabilitation.                                                                                                                                       Les habitants se disent contents mais aussi douteux « c’est très bon qu’on réhabilite ces routes mais c’est ne pas normal car il ne faudrait pas qu’on attende une telle activité pour changer les choses. Je ne sais pas ce qu’on pense des autres tronçons qui restent impraticables mais aussi les routes réhabilitées ne vont pas tarder à se détériorer car ce n’est pas du butine, on a mis qu’une couche des graviers »  explique, un chauffeur de taxi.
Le triangle de Nguba en commune d’Ibanda restera sans doute l’une des places les plus protégée car c’est à cet endroit qu’a été planté le bosquet de la paix,
mis en terre par la première dame de la République.
Malheureusement quelques jours après cette activité des actes des vandalismes n’ont pas tardés. L’athénée d’Ibanda qui a été le quartier général de la marche en témoigne beaucoup avec des installations électriques  et des lampes qui on été volées quelques jours seulement après la clôture de la  troisième action globale. Outre les affiches et pancartes, plusieurs organisations s’activent aussi à lancer des messages de sensibilisation à travers les radios locales, la principale activité radiophonique que a été sans doute la synergie, initiée par l’Association des femmes des médias, à travers la quelle huit radios locales diffusaient simultanément un journal de la marche mondiale.
Des centaines des femmes sont venues des quatre coins de la planète pour cette activité dont l’objectif principal était de dénoncer les violences faites à la femme.  Bukavu a été choisi en raison des violences sexuelles et autres exactions dont été victimes les femmes de l’Est de la RDC.

Yves Polepole

 

1 commentaire:

Blog Alex a dit…

AFEM avait souvé la situation de cette marche...

AFEM-SK

Ma photo
L’Association des Femmes des Médias du Sud Kivu (AFEM-SK) est une organisation à but non lucratif (OBNL) créée en vertu de la loi congolaise du 10 Août 2003. Les membres d’AFEM-SK sont composés de femmes actives dans les médias du Sud-Kivu et les maisons de presse. AFEM-SK est spécialisée dans la production des émissions radio en milieu rurale comme en milieu urbain avec un accent particulier sur les femmes soit à partir de radio-clubs ou dans la position de l'activiste social local. Ce groupe produit également des reportages sur le terrain et envoie des nouvelles à des stations de radio locales. Cette association entretient avec les organisations de presse d'autres partenariats qui facilitent la circulation de magazines et leur diffusion.