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4 octobre 2011

Bukavu : Les femmes marginalisées professionnellement suite aux stéréotypes et préjugés

Malgré les avancées sur le plan juridique, à travers les textes de lois  et les politiques de genre dans les structures professionnelles, la représentativité des femmes à des postes de responsabilité demeure très faible à Bukavu suite aux stéréotypes et préjugés.

La constitution de la RDC, promulguée et adoptée le 18 Février 2006, reconnait le droit au travail à tous les citoyens congolais. En son article 36 il est dit ceci : « le travail est un droit et un devoir sacrés pour chaque congolais. (…). Nul ne peut être lésé dans son travail en raison de ses origines, de son sexe, de ses opinions, de ses croyances, de ses conditions socio ₋économiques ».
La réalité  sur le terrain professionnel à Bukavu montre qu’il ya des femmes qui travaillent dans les services publics, les organisations non gouvernementales locales, nationales et même internationales. Mis à part quelques unes d’entre elles, une infime minorité, qui occupent des postes de responsabilité, surtout dans les ONG locales, la plupart de ces femmes travailleuses occupent des emplois subalternes. Non qu’elles ne sont pas compétentes ou qu’elles ne méritent pas, mais tout simplement à cause des stéréotypes et des préjugés collés aux femmes par la société. La majorité des femmes de Bukavu travaillent souvent dans le secteur informel, notamment le petit commerce. Celles qui ont la chance d’obtenir un emploi dans une structure professionnelle occupent malheureusement pour la plupart, des emplois sous qualifiés dans des conditions précaires, notamment des emplois dans lesquels leurs droits ne sont pas respectés. En outre, elles sont présentes dans moins de secteurs que les hommes et sont sous ₋représentées dans les organes de prise de décision.

Facteur exogènes
Des normes sociales, appelées coutumes, établissent que les femmes ne sont bonnes et utile que pour les travaux domestiques non rémunérés. Pourtant, la femme peut contribuer de manière significative au développement de la cité, et cela dans tous le domaine, au même titre qu’un homme. « Le fait  de ne pas offrir les mêmes opportunités aux femmes en matière d’emploi constitue une violation de leurs droits humains »fait remarqué Madame Josée, secrétaire exécutive d’une association de défense des droits de la femme œuvrant à Bukavu. Madame Josée poursuit en disant que cette situation s’observe même dans le foyer où beaucoup de femmes ont généralement moins voix au chapitre que les hommes dans la prise de décisions concernant leur foyer. En dehors des pratiques coutumières qui restreignent souvent la capacité professionnelle de la femme, il y’a aussi le comportement de certains maris qui ne veulent pas que leurs femmes travaillent. Certains par complexe, surtout  si c’est la femme qui gagne plus ou occupe un poste plus important que lui. D’autres par jalousie croyant que la femme qui travaille couche nécessairement avec son chef, mettant ainsi en doute l’intégrité morale de la femme. Tout ceci va à l’encontre de l’article 475 du Code de la famille de la RDC qui exige à chacun des époux de contribuer aux charges de ménage selon ses facultés ou son état.

Facteurs endogènes
S’il est vrai que sur le plan professionnel, les femmes sont souvent victimes des préjugés de la société, il est aussi vrai que les femmes se fragilisent elles-mêmes par le fait qu’elles  se minimisent. Beaucoup de femmes sont convaincues de leur incapacité pour tel ou tel autre métier ou encore pour tel ou tel autre poste. En plus de ce manque de confiance en soi, il ya aussi le climat de suspicion. « Je travaille dans une société  de la place depuis maintenant six ans. Lorsque la hiérarchie a décidé  de faire monter les grades  de certains agents qui ont brillé par la discipline et la compétence, je fus la seule femme à bénéficier de cet avantage et me suis retrouvée désormais dans le staff dirigeant de la société. Depuis, mes collègues femmes crient partout que c’est une récompense que le patron m’a faite parce que je couche avec lui. Au lieu de nous soutenir et nous encourager, nous ne faisons que nous diaboliser, nous les femmes », témoigne Madame Angѐle dans un débat avec les autres femmes travailleuses. D’autres n’hésitent pas à regretter le fait que lorsqu’une femme occupe un poste de responsabilité dans une structure elle n’a nullement le souci de promouvoir d’autres femmes. Comment voulez vous que les hommes pensent à la promotion professionnelle de la femme pendant que nous nous discriminons nous-mêmes ? Fait remarquer une femme qui vient de passer huit ans dans une entreprise commerciale de la place sans avoir bénéficier d’une quelconque promotion malgré son diplôme d’études supérieures dans le domaine.

Il n’existe pas de recette pour éliminer les disparités en matière d’emploi, et surtout en matière de la responsabilisation des femmes. Toutefois, quelques principes de base sont universels. Les gouvernements, la communauté internationale, la société civile et le secteur privé peuvent s’associer pour supprimer les dispositions juridiques discriminatoires à l’égard des femmes.

Arlaine KAJABIKA BAHATI

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L’Association des Femmes des Médias du Sud Kivu (AFEM-SK) est une organisation à but non lucratif (OBNL) créée en vertu de la loi congolaise du 10 Août 2003. Les membres d’AFEM-SK sont composés de femmes actives dans les médias du Sud-Kivu et les maisons de presse. AFEM-SK est spécialisée dans la production des émissions radio en milieu rurale comme en milieu urbain avec un accent particulier sur les femmes soit à partir de radio-clubs ou dans la position de l'activiste social local. Ce groupe produit également des reportages sur le terrain et envoie des nouvelles à des stations de radio locales. Cette association entretient avec les organisations de presse d'autres partenariats qui facilitent la circulation de magazines et leur diffusion.