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7 février 2013

Ninja: Choisir entre traire sa vache et perdre son foyer


Madame M'Ntunga est l'une de premières femmes qui ont banni les interdits et coutumes rétrogrades dans le milieu rural, précisément à Nindja. 
Au Sud Kivu, plusieurs femmes subissent encore les conséquences des coutumes. La plupart d'entre elles ne s'est pas encore décidée pour quitter cette étape qui ronge la société féminine de la RDC. 
Selon certaines coutumes la femme ne doit pas manger les œufs, la poule, elle ne doit pas passer au salon en présence des hommes, etc. M'Ntunga Batumike Marie, est l'une de ces femmes qui ont brisé le silence et son entourage la traite d'une femme difficile.
"Mes voisines ne comprennent pas pourquoi je dois traire la vache. Dans notre coutume, en aucun jour la femme pourrait traire une vache. Moi, j'ai eu la chance de grandir dans un environnement qui me le permettait et qui ne m'a pas empêché de le faire."
Selon madame Marie M'Ntunga, cette expérience n'est pas la première.
"Ma première expérience a été très difficile pour moi. J'ai épousé un homme qui, pour lui tout ce dont j'étais appelé à faire devait nécessairement être puisé dans la coutume. Je ne mangeais pas les œufs, la poule, le lait, etc."
Pourquoi dites-vous que ce n'est pas une première expérience? avez-vous changé votre mari après un temps?
" Je ne l'ai pas changé; il m'avait abandonné pendant des années sans que je ne sache où il est parti. Après des années ma famille a eu pitié de moi et m'a récupéré. J'avais déjà eu 2 enfants avec lui. C'est à Goma que je me suis rencontré avec mon mari avec qui je vis actuellement. Et avec lui nous avons déjà eu 5enfants. Et c'est avec lui que j'ai senti que l'histoire de ma vie a commencé."

M'Ntunga n'a pas croisé les bras après son remariage. Elle ne voulait pas que son intérieur brule tous les jours sans qu'il ne réalise le mieux que son cœur lui disait.
"Avec mon deuxième mari nous avons déménagé de Goma pour retourner à Nindja où j'ai vécu encore avec mon premier conjoint. Comme presque tout le village me connaissait, ils ont été surpris de voir que j'ai brisé tous les interdits. Mon nouveau mari travaille dans une organisation de développement. Avec nos moyens de bord nous avons acheté deux vaches et mon mari m’a montré comment les traire. D’autres en voulaient à mon mari mais lui m’a autorisé à faire tout ce que je pouvais dans l’intérêt de la famille." 
Elle n'y est pas arrivée seule. selon M'Ntunga, les efforts des associations l'ont hissés jusqu'à ce niveau. Elle a bénéficié des formations des différentes organisations.
"Les organisations de droits de l'homme et celles qui luttent pour la promotion de la femme m'ont beaucoup aidé.A ce jour j'ai aussi initié d'autres femmes qui empruntent un chemin de libération, elles savent déjà pourquoi elles doivent lutter et comment lutter. Avant je n'aimais pas aussi comme j'étais seule, mais actuellement j'ai plus de 5 femmes qui comprennent, qui aident leurs familles et leurs maris sont très fiers d'elles."

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L’Association des Femmes des Médias du Sud Kivu (AFEM-SK) est une organisation à but non lucratif (OBNL) créée en vertu de la loi congolaise du 10 Août 2003. Les membres d’AFEM-SK sont composés de femmes actives dans les médias du Sud-Kivu et les maisons de presse. AFEM-SK est spécialisée dans la production des émissions radio en milieu rurale comme en milieu urbain avec un accent particulier sur les femmes soit à partir de radio-clubs ou dans la position de l'activiste social local. Ce groupe produit également des reportages sur le terrain et envoie des nouvelles à des stations de radio locales. Cette association entretient avec les organisations de presse d'autres partenariats qui facilitent la circulation de magazines et leur diffusion.