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5 octobre 2011

Bukavu : les femmes revendiquent les propriétés foncières et immobilières

La question de la propriété foncière et immobilière constitue, ces jours ci, un problème très sérieux qui divise les ménages à Bukavu. Jadis une exclusivité des hommes, quel que soit le régime matrimonial contracté, aujourd’hui les femmes veulent aussi avoir droit à la propriété foncière et immobilière

Comme dans un sursaut de réveil, les femmes mariées de Bukavu, qui ont un revenu considérable, commencent à prendre conscience du droit à la propriété foncière et/ou immobilière.  « Je ne peux pas inscrire une parcelle ou une maison que j’ai achetée par mon argent au nom de mon mari car c’est le fruit de la sueur de mon front »,
dit Madame Yvette, caissière dans une entreprise de téléphonie mobile de Bukavu, à une collègue de service avec qui elle débattait de cette question au bureau. Pour la collègue de Madame Yvette, une femme ne peut pas avoir ce droit que lorsqu’elle est encore célibataire. Mais une fois mariée, tous les biens de grande valeur du foyer doivent être inscrits au nom du mari car la coutume et le code de la famille de la RDC, à son art 444, sont unanimes que le mari est le chef du ménage.

La collègue de Madame Yvette n’est pas la seule femme mariée à avoir ce raisonnement dans la ville de Bukavu, en particulier, et dans la province du Sud Kivu, en générale. Nombreuses sont des femmes mariées de cette ville et de cette province qui, sous le poids de la naïveté de la coutume et de l’ignorance, pensent encore qu’elles doivent tout à leurs maris et qu’elles ne peuvent vivre que selon la volonté de ceux-ci « Dans nos traditions, une femme mariée ne peut pas prétendre être propriétaire d’une parcelle, d’une maison, d’une vache,etc. », avoue Madame Nsimire, la cinquantaine révolue, qui jusqu’aujourd’hui demeure encore dans la logique. Pour elle, une femme mariée qui agit ou se comporte autrement est tout simplement une insoumise et une rebelle. De ce fait, elle fait la honte de sa famille, particulièrement de ses parents qui l’ont éduqué.
Malgré l’existence de cette frange de conservatrices, il se développe aujourd’hui un courant de femmes mariées recrutées parmi les intellectuelles ayant une activité génératrice des revenus (fonctionnaires, commerçantes,…) qui revendiquent leurs droits à la propriété, particulièrement les propriétés foncières et immobilière. Pour elles, mariées ou pas et quel que soit le régime matrimonial contracté, une femme doit jouir et user à sa guise d’un bien qu’elle s’est procurée avec son propre argent. Elles estiment aussi qu’elles ne sont pas obligées de se référer à leurs maris chaque fois qu’elles veulent effectuer un achat d’un bien de grande valeur avec leur propre argent. Elles peuvent tout au plus les informer. S’agissant de la propriété foncière, ces femmes brandissent le code foncier congolais à ses articles 14 et suivants…, qui ne fait pas de distinction de sexe en cette matière.
Les avis divergents
Les conservatrices pensent qu’il faut tout laisser au nom et sous contrôle du mari afin de créer l’harmonie et un climat d’entente dans le foyer. «  Le mari se sentant propriétaire et le maître de tout, il va causer moins de problème et de tracasseries à sa femme. Ainsi, le ménage aura toutes les chances  de durer jusqu’à l’accomplissement du serment de mariage », déduit Madame Nsimire, dans une séance de conseils à ses filles. Pourtant, la réalité à suffisamment monté que cela n’est pas toujours vrai pour beaucoup de foyers.
                                Par contre, les évolutionnistes estiment que cette façon d’agir relève tout simplement de l’égoïsme des hommes qui veulent, à tout prix, maintenir leur suprématie sur les femmes. Quand bien même les femmes se soumettraient selon la volonté de leurs maris, ces derniers affichent, pour la plupart d’entre eux, une attitude d’ingratitude, voire d’escroquerie. Madame Godelive témoigne : «  je travaillais déjà pendant que mon mari étudiait encore. Avec mon salaire je payais ses études et celles de nos enfants. J’ai même réussi à acheter une maison que j’ai fait inscrire en son nom. Quand il a fini les études et obtenu un emploi rentable, la première chose qu’il m’a demandée de faire était de démissionner de mon travail. Lorsque j’ai refusé, il en a fait un problème jusqu’à ce que nous nous sommes séparés. Par la suite, il s’est permis de vendre la maison, que pourtant j’avais acheté avec mon propre argent, sans m’avoir consulté et il ne m’a remis aucun sou »
Quel que soit la position des unes et des autres, la loi congolaise reconnaît à la femme le droit à la propriété foncière et/ou immobilière. Celles qui demeurent encore dans le carcan coutumier et de l’égoïsme de leurs maris, le sont tout simplement par naïveté et, surtout, par ignorance. Les associations de Défense des droits de la femme œuvrant dans la province du Sud Kivu ont encore un grand travail d’information et de sensibilisation à faire auprès de toutes les couches des femmes afin que celles-ci prennent conscience de leurs droits et ainsi savoir les revendiquer.

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L’Association des Femmes des Médias du Sud Kivu (AFEM-SK) est une organisation à but non lucratif (OBNL) créée en vertu de la loi congolaise du 10 Août 2003. Les membres d’AFEM-SK sont composés de femmes actives dans les médias du Sud-Kivu et les maisons de presse. AFEM-SK est spécialisée dans la production des émissions radio en milieu rurale comme en milieu urbain avec un accent particulier sur les femmes soit à partir de radio-clubs ou dans la position de l'activiste social local. Ce groupe produit également des reportages sur le terrain et envoie des nouvelles à des stations de radio locales. Cette association entretient avec les organisations de presse d'autres partenariats qui facilitent la circulation de magazines et leur diffusion.