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4 octobre 2011

WALUNGU : Les femmes restent discriminées et meurtries par la coutume

La situation sociale de la femme rurale du territoire de Walungu, au Sud Ouest de la ville de Bukavu , reste préoccupante .Le poids et l’observance de la coutume continuent à la maintenir dans une position d’infériorité vis-à-vis de l’homme ,en dépit de l’existence des textes juridiques qui consacrent l’égalité de tous les êtres humains.


Nzigire est une jeune fille de 16 ans. Elle habite Lubona, une bourgade du territoire  de walungu en province du Sud Kivu. Elle est l’ainée d’une famille de quatre enfants, tous des filles. Leur mère n’a pas eu la chance de mettre au monde un garçon durant tous les dix ans de vie commune avec leur feu papa,
mort il ya maintenant une année et deux mois. Nzigire n’a pas pu terminer les études secondaires par manque des frais scolaires car, après la mort de son père, ni les oncles, ni les tantes ne se sont pas occupés de sa famille. Et  comble de malheur, selon les prescrits de leur coutume, ni sa mère, ni elle-même, personne ne peut hériter des biens laissés par le défunt père. Pour survivre et faire étudier  ses petites sœurs, Nzigire et sa mère sont obligées de travailler  pour autrui, moyennant une petite rémunération perçue à la tache. « A la mort de mon père, ma mère et moi avons été écartées de la succession parce que seulement nous sommes des femmes. Par manque  d’un garçon héritier, tous les biens laissés par mon père ont été hérités par un oncle paternel qui, désormais, se comporte en potentat jouisseur jusqu’à ne plus se soucier de nous. Comme si, à ses yeux, nous n’existions plus. » Raconte Nzigire , larmes aux yeux.

Mademoiselle Nzigire et sa mère font partie de ces nombreuses femmes rurales du territoire de Walungu qui croupissent encore sous le poids des coutumes, parfois rétrogrades, qui les maintiennent dans une position d’infériorité et de non ayant droit. Et pourtant, en matière d’héritage, le code de la famille de la RDC, en ses articles 758 à763, énumère les différentes catégories des personnes ayant droit à la succession et la manière dont il faut effectuer le partage des biens du De cujus. Ainsi, dans la 1ere catégorie se retrouvent tous les enfants du défunt nés dans le mariage et ceux nés hors du mariage mais affiliés, du vivant de leur père, sans distinction de sexe. Malheureusement, dans la pratique, le droit  à l’héritage n’est pas reconnu aux femmes et à leurs filles  dans le territoire de Walungu, au mépris de la législation en vigueur. Cela fait que la productivité des femmes dans ce territoire  est limitée  par leur faible accès  aux ressources et aux opportunités.

*La coutume plus forte que la loi
Cette situation est déplorable du fait que, malgré l’existence des lois, le changement ne s’observe pas  et les femmes continuent  à être maintenues dans une position de faiblesse suite  à certaines normes sociales mieux connues sous le nom de coutume. Ce sont ces normes sociales  qui empêchent les femmes d’avoir accès à un certain nombre des biens, y compris la propriété et le droit foncier, les infrastructures, l’éducation, etc.
Plusieurs femmes  rurales du territoire de Walungu ignorent ce que dit la loi en matière de succession et d’éducation mais restent très informées sur la coutume et bien attachées à elle. Ces femmes restent convaincues qu’elles sont faites uniquement pour le foyer  et les travaux ménagers, la procréation et l’éducation des enfants. Tout ceci n’est pas sans conséquences néfastes sur la vie de ces femmes. Leur niveau de vie ne s’améliore pas, il y’a pas moyen qu’elles s’épanouissent socialement et intellectuellement car condamnées, toute leur vie, à s’occuper du ménage, des travaux champêtres et de l’élevage du petit bétail, travaux dans lesquels elles ne tirent aucun profit. Même le pouvoir coutumier reste l’apanage de seuls hommes, alors que l’article 14 de la constitution de la RDC prône l’élimination de toute forme de discrimination à l’égard de la femme  et l’assurance  de la protection et la promotion de ses droits.
Il est dommage que cette situation déplorable ne se limite pas seulement à la femme rurale du territoire de Walungu. Elle touche la quasi-totalité des femmes rurales des autres territoires de la province du Sud Kivu.


Arlaine KAJABIKA BAHATI

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L’Association des Femmes des Médias du Sud Kivu (AFEM-SK) est une organisation à but non lucratif (OBNL) créée en vertu de la loi congolaise du 10 Août 2003. Les membres d’AFEM-SK sont composés de femmes actives dans les médias du Sud-Kivu et les maisons de presse. AFEM-SK est spécialisée dans la production des émissions radio en milieu rurale comme en milieu urbain avec un accent particulier sur les femmes soit à partir de radio-clubs ou dans la position de l'activiste social local. Ce groupe produit également des reportages sur le terrain et envoie des nouvelles à des stations de radio locales. Cette association entretient avec les organisations de presse d'autres partenariats qui facilitent la circulation de magazines et leur diffusion.