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4 octobre 2011

Bukavu : Les filles-mères se prostituent pour survivre et faire vivre leurs enfants



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’étant plus considérées et prises en charge par leurs familles respectives, les filles-mères de Bukavu s’adonnent à la prostitution pour survivre avec leurs enfants dont pour la plupart, les pères ne sont pas connus.

Par définition, une fille-mère est une jeune fille qui a mis au monde chez ses parents, alors qu’elle n’est pas mariée. Dans la plupart de cas, l’auteur de la grossesse reste inconnu,
si par hasard il est connu, il n’est pas en mesure de supporter les charges dues à cette grossesse. Cet état de chose cause beaucoup de préjudices à la jeune fille. Soit qu’elle abandonne les études, soit qu’elle diminue ses chances d’être épousée, soit ; au pire, elle est chassée du toit familial. Malheureusement, c’est cette dernière possibilité qui est en vogue. Une fille-mère d’une vingtaine d’années témoigne : « J’ai été obligée d’abandonner mes études au niveau de la 2e secondaire lorsque je me suis retrouvée enceinte. Mes parents, à cause de leurs convictions religieuses, m’ont dit que je cause la honte à la famille et ils m’ont chassé ayant fui la ville, j’ai beaucoup souffert jusqu’à ce que je sois obligée de me prostituer pour ma survie et celle de mon enfant. »
La situation que vit cette fille-mère ressemble, à quelques petites différences près, à celle que vivent la plupart des filles-mères de la ville de Bukavu. Abandonnées à elles-mêmes par les auteurs de ces grossesses, elles sont aussi bannies par leurs familles respectives. Les plus chanceuses, pas vraiment nombreuses, attrapent de petits jobs, juste pour la survie. Mais la majorité est obligée de verser dans la prostitution pour essayer de subvenir, tant soit peu, à leurs besoins et à ceux de leurs enfants bâtards. Car, même si une fille-mère n’est pas chassé du toit paternel, ses parents refusent d’engager des dépenses pour elle et pour son ou ses enfants dont le(s) père(s) sont irresponsable(s) ou ne sont pas connu(s).
« Je ne peux pas m’occuper des enfants dont les géniteurs sont irresponsables et que, en plus, je ne connais pas. Comme ma file a décidé de causer la honte à la famille, malgré tous nos conseils lui prodigués, qu’elle se débrouille pour gérer sa vie et celle de ses enfants », déclare un père de famille, courroucé par le comportement de sa fille aînée qui vient d’attraper une troisième grossesse indésirée.
  • Victimes par contraintes
S’il y a des filles-mères qui les sont devenues par inadvertance par ignorance ou par volonté, il y en a d’autres qui les deviennent suite aux contraintes liées à la vie. Mlle Véronique explique : « Je suis l’aînée d’une famille de cinq enfants dont 3 filles. Nos parents sont tellement démunis qu’ils sont incapables de subvenir à nos besoins primaires. J’ai été obligée de me lier à un homme marié afin qu’il m’aide à entretenir notre famille. Comme il ne pouvait pas continuer à dépenser gratuitement  pour moi et ma famille, j’ai été obligée de céder à ses avances et, par malheur,  j’ai attrapé une grossesse ».
Certaines filles, incapables de supporter toutes ces souffrances et ces humiliations, ou tout simplement malintentionnées, s’adonnent aux avortements volontaires avec tous les risques que cette pratique comporte. D’autres encore, ne sachant plus que faire de ces enfants encombrants, les abandonnent à leur triste sort et ainsi ils vont gonfler le nombre des enfants de la rue, cette bombe à retardement décriée aujourd’hui dans beaucoup de pays à faibles revenus.
À l’allure où vont les choses, les gouvernements et les organisations non gouvernementales locales, nationales et internationales, devraient mettre en places des structures d’encadrement scolaire et professionnel de ces filles-mères et leurs enfants afin de leur permettre de se réinsérer utilement dans la société. Cela aiderait à diminuer sensiblement tous les fléaux liés au phénomène filles-mères et enfants bâtards.

Marlaine ZAWADI




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