Les chefs coutumiers sont considérés comme une « cible privilégiée » des activistes des droits humains pour supprimer les us et coutumes discriminatoires à l`égard des femmes. Cette stratégie développée par les ONG locales parvient à convertir certains chefs coutumiers du Sud Kivu au genre.
Cela fait plusieurs années depuis que les mouvements des défenseurs des droits de l`homme en général et ceux des femmes en particulier, se sont impliqués dans la lutte contre les violences faites à la femme.
C’est le cas par exemple de l’AFEM/SK et V-DAY qui sont convaincues de la nécessité de faire des chefs coutumiers des activistes de la promotion des droits des femmes. Cette conclusion provient des études qu’elles ont menées sur terrain afin de connaître le rôle primordial des chefs coutumiers dans la conservation des coutumes. Néanmoins en fonction du travail déjà fait sur terrain, madame Julienne BASEKE, chargée de programmes à l’Association des Femmes des Médias du Sud Kivu AFEM SK, estime que cette transformation des chefs coutumiers longtemps vu comme des freins à l’épanouissement de la femme est possible.
Pour y arriver les différentes stratégies sont nécessaires ; et pour l’AFEM/SK, ce sont : la formation, l'information, la sensibilisation et le plaidoyer orientés vers différentes cibles notamment les femmes, les hommes, les jeunes et surtout les décideurs.
De toutes ces cibles, les chefs coutumiers retiennent le plus d'attention du fait de leur positionnement est stratégique et incontournable. En parlant des coutumes et traditions, on voit directement ceux qui sont censés les garder et les faire respecter. Et d'ailleurs avant l'avènement des civilisations occidentales, les coutumes avaient force de « lois ».
Dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes, les coutumiers ont une place de choix au moment où il faut arriver à changer leur façon de considérer la femme et les amener à revoir les coutumes.
Considération de la femme dans les coutumes : origine des violences basées sur le genre
Dans un ouvrage conçu par AFEM/SK pour le renforcement des capacités des cadres des bases et acteurs stratégiques sur les notions du genre, Les violences faites aux femmes ou violences basées sur le genre sont définies comme l'ensemble des actes de violence perpétrés à l`égard d`une personne sur base de son sexe ou des différences établies par la société entre l'homme et la femme. Elles sont en majorité d'origine culturelle; elles proviennent des traditions et coutumes rétrogrades réduisant le rôle de la femme en une simple gardienne de la maison, obéissant aux ordres donnés par l`homme ; ou même en un objet de jouissance. La cause fondamentale de la violence basée sur le genre est la discrimination contre les femmes et les jeunes filles basée sur l`inégalité de pouvoir entre les hommes et les femmes dans la société ».
Au Sud Kivu, par exemple le fait pour une femme de ne pas mettre au monde des garçons, est une menace à la succession pour elle et pour ses filles; cela veut dire qu’une femme n'hérite pas.
Dans un ouvrage intitule « les coutumes discriminatoires à l'égard de la femme dans les chefferies de KABARE et NGWESHE, en RDC » le réseau des femmes pour le développement et la paix, RFDP en sigle dresse une grille reprenant des expressions, des concepts, proverbes, interdits, et chansons qui discriminent et violent le droit de la femme de part les coutumes.
Ces différents problèmes jadis considérés comme des normes sociales régit par l`homme dans une société patriarcale s'avèrent être des sérieux paradoxes au sein des nos sociétés d'aujourd'hui, confrontées à la mondialisation d'un côté et condamnée au changement des rapports sociaux, compte tenu les efforts remarquables dont les femmes ne cessent de faire montre pour faire face aux problèmes liés au contexte socio politique que traverse le pays en général et la province du Sud Kivu en particulier d'un autre côté.
Quel est le rôle des leaders coutumiers dans la lutte contre les violences faites aux femmes
Contrairement au rôle de veiller et de conserver les coutumes, les coutumiers acquiert un nouveau rôle, celui d'éradiquer les coutumes et traditions qui violent les droits de la femme et de promouvoir le respect de la femme au sein de leurs communautés.
Pour y arriver, la formation de ces derniers sur les droits de la femme s'avère indispensable car pour les leaders coutumiers la faute revient à l'ignorance qui les amènent à agir parfois à l'encontre des droits de la femme.
« Il est plus simple de désengorger un atome que de changer une mentalité », en rappelant ce dicton, le chef coutumier de Basile en territoire de Mwenga fustige l'endurance, étant donne la durée que cet ensemble des habitudes, quotidiens, rites et pratiques au nom de la coutume, considérés comme des violences basées sur le genre doit prendre avant que la notion de la lutte pénètre toutes les mentalités.
Tout en signifiant leur détermination à lutter contre les violences basées sur le genre, cette catégorie d'acteurs stratégiques estiment qu'il s'agit là d'un long processus pour aboutir à un véritable changement.
Par ailleurs, ils recommandent une collaboration étroite entre les organisations de défense des droits de la femme et les leaders coutumiers.
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