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27 octobre 2011

Malgré leurs maigres revenus, plusieurs femmes du territoire de Kabare font vivre leurs familles. Leurs maris ayant démissionné de leurs responsabilités de chef de famille,  ce sont elles qui doivent travailler dur pour nourrir et vêtir le mari et les enfants ainsi que scolariser les enfants. Et malgré tous les sacrifices consentis par ces femmes, leurs maris ne cessent de se plaindre qu’elles ne s’occupent pas suffisamment d’eux et menacent de prendre une deuxième femme. 



S
uite aux guerres à répétition qu’a connu l’est de la RDC, plusieurs familles de la province du Sud Kivu ont perdu leurs métiers, leurs activités génératrices de revenus et plusieurs biens de valeur. Beaucoup d’hommes sont morts pendant ces guerres et ceux qui ont survécu se sont retrouvés en chômage. Devant cette situation de fait, les femmes ont pris la relève. Dans les centres urbains elles se sont lancées dans plusieurs métiers pour faire survivre leurs familles. C’est ainsi qu’on les a vu travailler pour autrui, faire le portefaix, entretenir de petits jardins potagers dans la parcelle familiale, vendre divers petits articles à la criée, etc. Celles des milieux ruraux n’ont pas été épargnées par cette calamité. La plupart d’entre-elles se sont retrouvées en déplacement parce que leurs villages incendiés ou investis par des groupes armés locaux ou étrangers. Pour survivre  elles  doivent se lever très tôt  pour aller cultiver les champs d’autrui moyennant une petite rémunération. La paix retrouvée, toutes les familles en déplacement ont regagné leurs villages respectifs. Dans le territoire de Kabare, les hommes n’ont pas compris qu’ils devaient récupérer leur place de responsable de la famille. Ils ont continué à attendre tout de leurs femmes.

Nabintu Sifa, une femme de 45ans habitant le village Kagabi se plaint : « je vends de la braise avec un capital équivalent à 20$. Je dois parcourir chaque jour une distance de plus de 10 kilomètres pour atteindre le marché. Tout cela parce que c’est moi qui, désormais, dois nourrir et vêtir mon mari et nos 6 enfants, payer les frais scolaires de ces enfants et m’occuper de tous les autres besoins de la famille ».

Nabintu Sifa n’est pas la seule femme à se plaindre dans ce sens à Kabare. Cette situation est presque générale pour toutes les femmes de ce territoire. Non pas que leurs maris sont incapables de trouver des moyens pour jouer leur rôle, mais tout simplement parce qu’ils préfèrent vivre dans l’oisiveté jusqu’à asservir leurs femmes. Et même quand il leur arrive d’attraper un sou, ces hommes préfèrent gaspiller ça dans la bière et autres futilités personnelles au lieu d’en faire bénéficier leurs familles.

« Mon argent n’est pas destiné à l’achat de la nourriture, des vêtements ou à payer les frais scolaires des enfants. Si leur mère ne veut pas s’en charger c’est son problème. Je l’ai suffisamment pris en charge et je ne m’étais jamais plains. Lorsqu’elle sera incapable de nous prendre en charge, je vais épouser une deuxième femme qui pourra le faire mieux qu’elle », déclare arrogamment Monsieur CHISHIBANJI, époux de madame NABINTU Sifa.

Liées par une tradition qui veut que la femme soit entièrement soumise à son mari, ces femmes de Kabare sont en train de vivre ce martyr malgré elles. Pour sauvegarder leurs maris et éviter qu’ils prennent des rivales, elles se résignent à cette sorte d’esclavagisme qui constitue en fait une violation grave de leurs droits les plus fondamentaux.
Les associations de défense des droits de la femme devraient se saisir de cette situation pour sensibiliser ces femmes et leurs maris sur les rôles et les responsabilités de chacun dans le foyer. Peut-être que cela pourra aider ces hommes de Kabare à comprendre que le bonheur d’une famille réside dans la complémentarité entre l’homme et la femme.

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L’Association des Femmes des Médias du Sud Kivu (AFEM-SK) est une organisation à but non lucratif (OBNL) créée en vertu de la loi congolaise du 10 Août 2003. Les membres d’AFEM-SK sont composés de femmes actives dans les médias du Sud-Kivu et les maisons de presse. AFEM-SK est spécialisée dans la production des émissions radio en milieu rurale comme en milieu urbain avec un accent particulier sur les femmes soit à partir de radio-clubs ou dans la position de l'activiste social local. Ce groupe produit également des reportages sur le terrain et envoie des nouvelles à des stations de radio locales. Cette association entretient avec les organisations de presse d'autres partenariats qui facilitent la circulation de magazines et leur diffusion.